L'Habitude

Publié le 20 mai 2021 à 14:44

Révélatrices habitudes 

 

Benjamin Franklin's ideal daily routine from his autobiography

 

           Ennuyante, prévisible, et rigide, l’habitude est souvent vue comme ennuyeuse, effaçant la spontanéité de la vie. Nous voulons de la folie dans notre univers, nous surprendre, nous tromper et surtout nous contredire. Aurions-nous peur de nous construire solidement ? En étiquetant un sens, à chaque instant, et à notre manière d’être. Souffrir de la vanité humaine est un fléau, or bâtir une routine, autrement dit un soupçon de sens, en toute lucidité, peut décourager, ou tétaniser. A chaque souffle, notre cerveau nous projette un million de possibilités, est-ce un leurre ? Si non, est-ce si triste de choisir l’option la plus saine ? La sanité rime souvent avec la simplicité. « La vie n’est pas complexe. Nous sommes complexes. La vie est simple, et les choses simples sont celles saines et bonnes », disait l’hédoniste Oscar Wilde. Or, l’habitude sonne en deux sons de cloches : certes comme la fadeur de la répétition, mais aussi comme la puissance de la rigueur. Si nous comprenons le principe que « tout est habitude », la perspective de la répétition change totalement. La lassitude, le découragement, les pensées négatives, le manque de motivation deviennent alors aussi des habitudes, cette fois ci néfastes. Le philosophe Kierkegaard pensait que la répétition constituait la beauté même de la vie, et était destinée à « périr » celui qui ne la voyait pas. Alors, même en se débattant de toutes nos forces contre le quotidien, en se jetant sans cesse vers l’inconnu, les nouvelles expériences, et rencontres, sommes-nous condamnés à ressasser et rabâcher nos paroles, et nos gestes, comme le soleil, circulairement, se lève puis se couche ? Ainsi, Paul Coelho disait qu’une chose qui arrive une fois peut ne plus jamais refaire surface, mais une qui se répète une deuxième fois, arrivera surement une troisième fois. Nous pouvons courir indéfiniment contre la montre, la nuit viendra forcément, à la fin de la journée, pour accueillir le jour, le lendemain. Le constat est alors que nous sommes d’inlassables algorithmes, soit des arbres binomiaux à probabilité conditionnelle, mais aux issues inconnues. Prévisible, nous le sommes. Imprévisible, le monde l’est pour nous. Notre liberté réside dans la routine que nous pouvons nous suggérer. Lorsque tout s’envole, les habitudes, adoptées et aimées, restent. En effet, la liberté n’est pas de succomber à la boucle infernale des pulsions néfastes, même les plus plaisantes. Elles sont qui nous sommes, car elles constituent la partie automatique de notre cerveau. Elles nous font avancer, même lorsque notre raison part en vacances. Elles sont le sens premier de l’instant présent. L’essence répétitive de la vie nous donne la chance de les construire, par choix et consentement, en contradiction avec le chaos de nos pulsions et de l’univers. Une fois planifiée, comment la pratiquer sans s’ennuyer ? Le courage est de la suivre, en la transcendant, « c’est la transformation dans la répétition ». L’amélioration au sein même de l’ordinaire et du quotidien lutte contre l’ennui d’être soi. L’approfondissement dans le recommencement devient source d’énergie, de redécouverte de soi et du monde qui nous entoure, une manière de faire durer le début. Elle nous mène à la quête de la connaissance. Chaque jour, un peu plus, à la recherche de l’apprentissage, comme délivrance des mauvaises manies, et source de liberté vers de nouvelles contrées.

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