Revigorante dépression

Dans la pénombre, toutes les idées noires peuvent subvenir si rapidement. Nous sommes perdus dans ce flou chaotique, rempli de peurs et d’angoisses. Elles nous plongent dans le fléau de la mobilité́ : tétanisé́, statique, vide. Que faire ? Où est la valeur de notre vie finalement ? Ces questions paraissent, tristement, plus que légitimes. A ce moment, nous sommes incapables de nous raconter notre propre histoire. En feuilletant le joyeux passé de notre fort intérieur, ces événements antérieurs semblent s’être évaporés, et pourtant ce sont ces derniers qui nous ont tant construits. Le futur, devenu incertain et repoussant à court terme, est dépourvu d’attraction. Les détails jugés négatifs prennent des proportions démesurées. « Vivre chaque jour comme si c’était le dernier » devient une phrase aux résonances tragiques. Pourtant, le passé est forcément rempli de bonheurs inspirants pour le présent. Déconnecté́ de la meilleure partie de la réalité́, nous voyons tout terne, et même les plus belles couleurs de la vie. Ce tourbillon de pessimisme, appelé́ aussi Spleen par les plus grands, frappe à notre porte, sans vraiment savoir d’où̀ il vient et quand il partira. Il est là et nous y sommes prisonnier. Le néant s’installe au fond de nous. Difficile de lutter. Il est si facile, malheureusement, de se laisser porter par ce sentiment profond et intense. La souffrance donne étrangement un sens instantané́ à notre existence. En effet, la dépression est souvent preuve d’une certaine lucidité́ de la nature humaine. Or, le rêve en est aussi une preuve, celles de nos envies, et que nous sommes bien vivants. Au milieu du désert de la lassitude, il faut partir à la recherche de l’oasis de la joie. Elle n’est souvent pas très loin. Le monde nous accepte déjà̀, il suffit seulement d’aller boire son eau fraîche et pure, élixir de gaieté́, croisée sur notre route. Elle est vitale, buvons-la au plus vite, par le biais de l’action. Notre devoir semble alors être de transformer nos chaînes en or. A la recherche d’un sourire, d’un rire, d’un apprentissage, soit une marque de vie, la quête reprend à l’infini, revigorée par la fuite du souvenir de la sensation néfaste de notre dernière dépression. Ce coup bas nous redonne alors l’opportunité́ d’un rebond. Un mal pour un bien. Ainsi, la morale change et devient « Vis chaque jour comme si c’était le premier », afin de ressentir à jamais l’étonnement lui-même de la Vie.
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