L'Anxiété

Publié le 6 mai 2021 à 17:58

 Ephémère anxiété

 

       

          Le calme est soudain renversé par une pulsion, sans crier garde, révélant un immense mal être, pourtant inattendu. Nous respirons, nous vivons, aisément et simplement, la vie parait fluide, nous nous laissons même porter par le fleuve, pour une fois sans lutter. Nous apprécions la sérénité du tendre souffle, et des doux petits gestes. La paix est trouvée. Seulement, d’un coup, elle arrive à grand pas : l’anxiété. Le vide, jusqu’ici représentant un cocon réconfortant, devient le néant, océan gigantesque où nous n’avons plus pied. La manie, la fixette, la nervosité se croient légitimes de pénétrer à l’intérieur de ce dernier, pour sûrement le combler par sympathie. Nos mains deviennent moites, et nos pensées se détournent de la lumière. Nous nous agitons mentalement, essayant d’agir en vain. Nos actions ne sont alors ni créatrices, ou sublimatoires de notre personne. Au contraire, nous visons nos défauts, nos insignifiants détails, diabolisés en tares. Le monde devient un terrain dangereux, loin d’être un jeu excitant, et si c’en était un, le titre de perdant nous serait auto attribué. La grandeur de nos forces vitales sont anéanties par cette indéfinissable sensation d’angoisse. La quiétude est altérée par cette pénible tension nerveuse. La triste vérité est qu’elle émane de notre être profond. Est-ce une peur enfouie ou une envie inavouée ? Dans les deux cas, elle nous mène à l’irrationalité malsaine. Cette sensation d’insécurité se retrouve chez tous les êtres humains, de par la nature instable de la vie et du monde. Pourquoi en sommes-nous doués ? Certains y verront une évolution défaillante de notre instinct de survie, d’autre une manifestation psychique de notre inconscient. Finalement, elle nous laisse dans le flou, là où le péril n’existe pourtant pas. Perdue au milieu de la brume, qui dissimule nos repères, nous nous replions sur nous-même, alors que notre propre image est, à cet instant précis, écorchée à vif. Où et quand cette anxieuse passade s’arrêtera ? Elle nous ait sûrement, en plus, légèrement familière. Cette impression de « déjà vue » devient alors notre issue de secours, alliée de la certitude que toutes nos sensations sont éphémères. L’anxiété émane de nous, car, à la différence de son ami la peur, elle n’est pas l’effet d’un réel danger, mais plutôt d’une appréhension, crée de toute pièce dans notre tête. Comme le vent, elle nous traverse, car c’est finalement une pensée comme une autre. Elle passe, alors faisons la trépasser au plus vite. Notre caractère héraclitéen, c’est-à-dire mouvant, devient, à notre plus grande surprise, notre sauveur. La vie est une boite à outil, faite de concepts, de pensées et de sensations, il suffit de savoir les utiliser et les manier au bon moment. Ici, face à l’anxiété, l’éphémère est l’outil du le remède de notre mal. Voilà pourquoi la vie est éphémère : elle a ainsi le pouvoir de balancer le mal, par la force du temps. A ce moment précis, se rappeler que tout passe et tout peut s’envoler nous ramène sur Terre, rappelant l’humilité et la gratitude.  Cette anxiété, forcément temporaire, peut être alors neutralisée par notre nature éphémère, laissant place au retour du calme et de l’apaisement intérieur, comme au début de ce texte. Tout s’alterne, il suffit de le réaliser ici et là, le soleil et la lumière réapparaitront tôt ou tard.

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