Le Vide

Publié le 2 mai 2021 à 23:11

Vide sensoriel 

 

 

               

            Vide ou pleine ? Intense ou légère ? Souffrance ou plaisir ? La vie semble se définir à chaque fois par des contraires. Il est si simple de dire ce qui n’est pas plutôt que ce qui est. Arrivé d’un endroit inconnu, vagabondant sur un chemin flou, la perte de sens arrive subitement telle une évidence. Dans un monde où tout est déjà créé, la petite particule que nous sommes ne peut comprendre immédiatement sa place. Submergé par tout, alors nous plongeons dans le néant. L'existence offre la rationalité et l'éphémère de toute chose, l'une nous livre des visions concrètes de notre vie alors que l’autre nous arrache tout sens absolu possible . Tiraillé, l’insignifiance cosmologique peut rapidement résonner dans notre esprit. De là, il génère un éventail de névroses, d’anxiétés, de doutes, de questions existentielles… Une peur en cache une autre. Cercle infernal qui mène à la question ultime de notre raison de vivre. Dans une rue, en s’extirpant de sa subjectivité, tous ces individus paraissent danser, joyeusement, vivement, mélancoliquement, ou tristement, dans la valse du vide. Qui pourra nous donner l’ultime réponse ? Le problème est qu’elle n’est pas unique, remettant en cause, ou non, son existence. Peut-être, est-ce alors une délivrance ? Ou un soupçon de liberté cachée. Grâce à la philosophie, à l’éducation, à la religion ou la simple expérience, chacun a la capacité de créer sa place et son propre sens. Nous avons la tache de nous créer. Or, que pouvons-nous faire lorsque ce virulent vide frappe à nouveau à notre porte ? Il emporte toutes constructions psychiques sans crier garde ! La vanité se mêle à son puissant effet, nous coulons, sans comprendre… Sentiment mouvant, comme la vie, mais dénué d’harmonie. Et si, en le domptant, ce vide ontologique s’avère être notre fidèle ami contre l’aspect éphémère de la vie elle-même ? Le sens crée peut parfois entraîner un grave élan existentiel : prendre les choses trop à cœur, souffrir, subir, se tourmenter par un tourbillon de pensées…Nous vivons dans un dramatique excès, extrapolant la réalité, nous guidant ainsi vers la douleur de vivre. Le vide et le néant psychique peuvent alors être les meilleurs outils pour nous rappeler l’imperceptible essence et permettent l’indispensable recul, élevant à la sagesse de la légèreté. Tel un immense voile d’humilité derrière notre être, ils rappellent l’absence de contrôle de notre petitesse. Le sens construit permet une vie intense et profonde, l’insignifiant vide rend possible de la vivre simplement et légèrement.

 

 

 

"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre."

 

Marc Aurèle

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